Saynètes stéréotypées en sphère éducative
Les animateur.rice.s, les professeur.e.s des écoles et les enseignant.e.s devraient savoir identifier sur le qui-vive des situations et comportements stéréotypé.e.s et y réagir spontanément, pas forcément simple. Pour ne pas seulement s’enliser dans un discours idéologique, passer de la sensibilisation à la formation, rien de tel que des exemples concrets et de la pratique. Par groupe de deux à quatre personnes, l’objectif de cette activité est de structurer, en une dizaine de minutes (ou plus, ou moins, comme vous le sentez/pouvez), une saynète de quelques minutes mettant en jeu un ou plusieurs stéréotypes liés au genre et.ou à la science – en précisant qu’une bonne part d’improvisation est autorisée/souhaitée. Le choix des personnages, des lieux sont libres et variés : enfants, adolescent.e.s, parents, enseignant.e.s, animateur.rice.s, technicien.ne.s de cuisine et de surface, personnels administratifs… – dans une salle de classe, une cours de récréation, un gymnase, en rendez-vous d’orientation ou à la maison… À vos imaginations !
Allez, pour s’inspirer, donnons en rafale quelques possibles situations et discours stéréotypé.e.s :
Différents comportements et attitudes des enseignant.e.s / parents envers les garçons et les filles
Différences intellectuelles présumées chez les hommes et les femmes, chez les filles et les garçons
Différences dans l’attribution d’activités, de tâches, de rôles ou de qualité
Différences de genre dans l’expression des émotions
Approches des manuels scolaires (adjectifs utilisés, clichés, invisibilisation des femmes)
Différents critères d’évaluation pour les garçons / filles
Préjugés sur l’idée du «travail des femmes» et du «travail des hommes»
Commentaires paternalistes ou maternalistes, blagues sexistes, harcèlements verbal et sexuel, jugements sur l’apparence
Arguments douteux sur le rôle naturel des hommes et des femmes au sein de la société
Remarques –
- Les femmes/filles peuvent jouer les hommes/garçons et inversement, évidemment, c’est même plus drôle et plus instructif.
- Il est aussi possible de prévoir à l’avance quelques scénarios et de les proposer aux participant.e.s.
Exemple – Pour le rendez-vous d’orientation d’une élève de 15 ans, un papa rencontre au collège Fumistico une conseillère principale d’orientation, un prof de musique et une prof de maths. L’adolescente souhaite s’orienter vers une formation dans le domaine du bâtiment et des travaux publics. Sa prof de maths trouve son souhait absurde et lui conseille de s’orienter vers le secrétariat. Son prof de musique, avec qui elle a eu quelques échanges verbaux signifiants et en qui elle a confiance, pense que c’est un choix de vie qui correspond à son tempérament et qui peut lui autoriser un plein accomplissement. La CPE et le papa hésitent…
Objectif pédagogique –
Cette activité vise à favoriser l’identification de stéréotypes liés au genre et aussi à mieux réagir dans des situations où on laisse encore trop passer des petites phrases, ou des comportements limites. Ces instants ne sont pas toujours évidents à gérer. Mais il est possible de rebondir à certains propos pour créer un échange constructif, même s’il faut parfois en passer par la dérision collective, et sans stigmatiser quiconque dans la case des exemples à ne pas suivre.
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Interlude : Question pour un.e champion.ne
À votre avis, sur près de 900 personnes récompensées au total, combien de prix Nobel ont été décernés à des femmes entre 1901 et 2017 ? 18, 44 ou 52 ?
L’iranienne Maryam Mirzakhani a été la première femme à recevoir la médaille Fields (équivalent du prix Nobel en mathématiques). Était-ce en 1936, en 1980 ou en 2014 ?
Sciences et tâches ménagères
Pour cette activité de réflexion collective, les participant.e.s doivent au départ choisir une tâche ménagère ou de maison – repassage, nettoyage, linge, dépoussiérage, cuisine, vaisselle… – et réfléchir quelques minutes à une liste de quelques savoirs et propriétés scientifiques en lien avec cette tâche. L’animateur.rice peut avoir quelques exemples et ressources en tête et à portée de clics – tensioactivité, hydrophilie et hydrophobie, électricité statique, attraction et répulsion, acidité et basicité, changements d’états de la matière… pour favoriser la créativité.
Puis, par groupe d’intérêt, l’objectif est d’imaginer des activités – avec les explications associées – qui puissent être proposées de manière attractive à des enfants, des ados, voire des adultes. Peu de gens apprécient les tâches ménagères. Plutôt que d’attendre que les robots lavent notre linge sale, réfléchissons à comment valoriser ces moments ensemble, pour apprendre et s’amuser utile.
Interlude : Réponse pour un.e champion.ne
- 18, c’est le nombre de prix Nobel scientifiques décernés à des femmes entre 1901 et 2017
- L’iranienne Maryam Mirzakhani a été la première femme à recevoir la médaille Fields en 2014 (équivalent du prix Nobel en mathématiques). Nous pouvons rendre hommage à cette grande dame, qui nous a malheureusement quitté il y a peu ☹
L’avocat.e du diable
Dans une premier temps, les participant.e.s doivent imaginer l’atelier scientifique de leur rêve. Tout le matériel et toute la place qu’on veut, pas de limite de budget ! On en profite pour projeter les sciences sous un autre angle. On mélange les disciplines, on multiplie les outils de mesure et les possibilités de tests et de constructions. On s’amuse, on privilégie les réflexions et les créations collectives. Après le temps nécessaire, les participant.e.s présentent un.e à un.e, à l’oral en quelques minutes, l’atelier ainsi imaginé.
- À vos présentations !
Après chaque tirade, l’auditoire a pour objectif de faire des remarques ou poser des questions sur le possible caractère stéréotypé et.ou sexiste de l’atelier, en faisant si possible preuve de mauvaise foi, d’un soupçon de sarcasme… L’interpellé.e défend son activité et argumente au mieux pour démontrer le contraire.
Exemple –
– “Moi, mon atelier rêvé, c’est de pouvoir construire des machines médiévales et des catapultes. Avec plein de morceaux de bois, des pistolets à colle, des vis et des bouts de ficelle, des élastiques et des projectiles en tout genre. Au départ, j’expliquerai le principe du levier et de la balance pour montrer que nous ne sommes pas très loin du fonctionnement d’une catapulte. Puis je laisserai les participant.e.s construire leur propre catapulte, essayer différentes configurations pour augmenter la portée de leur tir, expérimenter pour comprendre un peu de mécanique (on pourrait même aborder la notion de moment d’une force). À la fin, on fera un grand concours avec une cible !”
– “Personnellement je ne trouve pas que cela soit une activité adaptée aux filles. Que vas-tu faire quand un groupe de filles refuseront de participer parce qu’elles n’aiment pas les machines de guerre ?”
– “Elles pourront construire des balances les plus sophistiquées possibles. Ou alors créer des machines de construction. C’est pour ça que je voulais introduire l’activité en montrant que le principe de fonctionnement d’une balance, d’un levier et d’une catapulte sont très proches…” “Et puis, il y a des garçons qui ne sont pas intéressés par les machines de guerre non plus.”
– “Oui, et il y a des filles qui aiment les machines de guerre”
…
Objectif pédagogique –
Les discussions liées aux stéréotypes et au sexisme peuvent très vite s’envenimer, créer une atmosphère pesante et tendue. Cette activité permet de s’habituer à argumenter notre point de vue, à écouter celui des autres et à trouver un terrain d’échange propice pour tou.te.s.
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