• facebook icon
  • twitter icon
  • instagram icon

Attention Stéréotypes

Parce qu'il est plus facile de désintégrer un atome qu'un stéréotype !

Acidité et vagins

Il y a des sujets qui cristallisent des stéréotypes sur les sciences et les femmes. L'hygiène intime en est un parfait exemple. Alors, pourquoi parler d'acidité et de vagins ?

Une des caractéristiques définissant les êtres vivants, c’est d’être un organisme, d’avoir un intérieur délimité dans l’espace de son environnement, de l’extérieur. Chez les humain.e.s, la peau est notre principale délimitation, une frontière protectrice et sensorielle qui nous permet de ressentir les températures et les pressions, d’être doué.e du toucher. Mais qu’en est-il de cette frontière à l’approche des cavités du corps humain ? De la bouche à l’orifice terminal du tube digestif, dans les appareils respiratoires et uro-génitaux, comment est séparé « l’intérieur de l’intérieur » de « l’extérieur de l’intérieur » ?

 

Talking with Balloons_ Snot funny by benchilada

Des muqueuses protectrices

En continuité avec la peau, les muqueuses sont des tissus organiques recouvrant la paroi interne des organes en contact avec le milieu extérieur, comme les narines ou les oreilles. Elles ont les spécificités d’être humide et beaucoup plus perméable que la peau – sans pour autant tout laisser passer ! Les muqueuses digestives, buccales et sexuelles sécrètent ainsi des mucus assurant, entre autres, une fonction de protection.  Ces mucus ont des compositions chimiques et microbiennes qui varient en fonction du tissu qui les sécrète.

 

Endoscopie montrant l’apparence de boue craquelée de l’intestin d’une personne intolérante au gluten

Des sécrétions vaginales

Les sécrétions vaginales, dont la composition varie aussi en fonction de l’âge, des cycles menstruels et de plein d’autres choses, sont composées d’eau, de tout un tas de composés chimiques et d’une flore bactérienne abondante, le microbiote vaginal. On dénombre plusieurs centaines d’espèces de bactéries qui le composent mais ce sont les lactobacilles – non pathogènes – qui sont majoritaires, notamment les bacilles de Döderlein (du nom du gynécologue allemand à l’origine de leur découverte à la fin du 19ème siècle).

 

Lactobacillus acidophilus_ Döderlein bacillus_ Dc Josef Reischig

 

Ces lactobacilles ont un métabolisme anaérobie – c’est-à-dire qu’elles n’ont pas besoin d’oxygène pour assurer leur maintien et leur croissance – et sécrètent, à la surface des parois du vagin, des acides (lactique et acétique) ainsi que des substances (peroxyde d’hydrogène, bactériocine) pouvant détruire d’autres bactéries, possiblement pathogènes, qui auraient pour idée d’y faire leur nid.

Acidité protectrice et hygiène complémentaire

Les sécrétions vaginales sont donc acides, avec un pH oscillant entre 3,8 et 4,5 (pour une comparaison, c’est bien moins acide que les citrons jaunes, moins acide que les olives vertes et plus acide que les oignons rouges).

Les muqueuses vaginales sont alors protégées contre un certain nombre d’infections, celles de bactéries ne pouvant pas se développer dans un environnement acide. Le renouvellement de ces sécrétions assurent aussi « l’auto-nettoyage » du vagin. Les gestes d’hygiène sur les parois vaginales ne sont pas nécessaires. C’est même contre-indiqué, puisque l’application des produits d’hygiène viendraient perturber l’équilibre microbien et chimique du vagin ! Seul le lavage de la vulve avec des savons adaptés est utile.

Cunt désigne vulgairement le sexe de la femme en anglais – on dit le con en français

Sciences, éducation et communication

« Testé cliniquement par des gynécologues »

« Testé sous contrôle gynécologique »

« Testé sous contrôle médical »

Les communicant.e.s ne mettent jamais ou que trop rarement en avant le caractère acide ou basique (alcalin) de certains produits d’hygiène, pourquoi ? De peur que ces mots fassent fuir la clientèle ? Parce que c’est inutile ? Parce qu’il n’y a pas assez de place sur les étiquettes pour donner quelques informations concrètes ?

L’hygiène intime féminine n’est qu’un exemple parmi d’autres. L’éducation à la santé sexuelle – différente de l’éducation à la sexualité – se fait, qu’on le veuille ou non, autant en famille qu’à l’école, entre copin.e.s et partenaires, en solo et en société. Certains comportements, bons ou mauvais, sont assimilés dès le plus jeune âge sans que l’on comprenne forcément les raisons scientifiques qui sous-tendent leur transmission. Qu’on parle des filles ou des garçons, la découverte et l’apprentissage de la santé sexuelle couplé.e.s à la compréhension des savoirs scientifiques associés ne sont probablement pas suffisamment développées au regard de la complexité des sujets abordés. Quand est-ce qu’on change ça et comment ?

 

Image à la une : CMouth #cuntmouth @hnnbz

Partager:

6 819 vues

COMMENTAIRES



Êtes-vous un robot?