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Art & Science

Deux sujets, souvent séparés mais qui partagent bien des valeurs!

Les Chroniques Naturelles [S2E3] Comment passer l’hiver quand on est “une petite bête” ? [Partie 2]

Dans cet épisode, on verra que le Printemps n’est pas une saison de tout repos, surtout pour les hôtes des "petites bêtes" en question.

Les Chroniques Naturelles [S2E3] : Comment passer l’hiver quand on est « une petite bête » ? Partie 2

ou pourquoi craindre les gelées tardives quand on est un arbre ?

Le Printemps : la période du grand débarquement

Chez le puceron, passer la saison froide n’est pas forcément une grande affaire. Tout d’abord les œufs produits avant que l’hiver ne batte son plein peuvent résister à des températures négatives allant jusqu’à environ -25°C pour certaines espèces 1,2. Ensuite, malgré leur condition physique, certain.e.s adultes sont capable supporter le froid hivernal.

Avril, c’est l’époque à laquelle l’activité métabolique des arbres reprend sous nos latitudes. Cela se manifeste par la production et/ou l’éclosion des bourgeons. À l’appel de cette source de nourriture riche en sucres, les femelles ailées du puceron se rendent sur leur hôte primaire 3: Prunus persica, le pêcher, à l’origine du nom d’espèce de Myzus (persicae). En l’absence de pêcher, d’autres espèces de Prunus feront l’affaire.
Comme arrivées sur une nouvelle planète, les femelles ailées se mettent à fonder une colonie. Ainsi commence la production à la chaîne de femelles sans ailes, toutes semblables les unes aux autres, vous vous en souvenez : c’est la parthénogénèse.

Outre les risques d’invasion extra-sylvestres, gare à ce qui se trame dans les cieux !

Chaque année, on en entend parler : ce sont les bien nommés Saints de Glace !

« Les Saints de Glace correspondent à la dernière période où des gelées peuvent se produire si la situation climatique est favorable. »

Ces gelées tardives aux environs de la mi-mai qui peuvent s’étendre jusqu’à la fin du mois dans certaines régions comme l’Alsace et la Lorraine. Elles arrivent au moment où la production de nouveau organes comme les feuilles mais surtout les fleurs bat son plein grâce au soleil printanier. Et sur certains arbres se forment même déjà les fruits.
Les horticulteurs les redoutent donc car ces gelées peuvent mettre à mal la production de l’année.

Que se passe-t-il en fait ?

Un bourgeon est une structure qui renferme des cellules végétales. Un bourgeon peut donner une feuille ou une fleur selon sa position sur la branche, les facteurs externes (environnementaux), et les facteurs internes (génétiques et physiologiques de la plante).

Au printemps, avec la montée de la sève et la reprise de l’activité métabolique de la plante, les cellules du bourgeon commencent à se multiplier. Les écailles se soulèvent et c’est à partir de ce moment que les bourgeons deviennent vulnérables, au gel notamment. Leur devenir conditionnera la biologie toute entière de la plante pour le reste de la saison.

 

Source : Pixabay

En effet, dans le cas d’un temps humide et des variations de températures telles que le
mercure passe en dessous de zéro, les molécules d’eau présentes dans l’air et dans les cellules des bourgeons gèlent. En résulte la formation d’un glaçon qui va « brûler » le bourgeon. La formation de glace, plus volumineuse que l’eau, entraîne également la rupture des parois cellulaires. Les cellules éclatées par le givre meurent instantanément et le bourgeon floral mort ne pourra plus donner de fleur et donc plus de fruits.

Le saviez-vous ?

Certaines plantes « ont besoin de froid » pour pouvoir passer du stade végétatif (production de bourgeons à feuilles et de feuilles) au stade reproductif (production de bourgeons à fleur et donc de fleurs, ou pour montrer leurs épis dans le cas des céréales) : c’est la vernalisation.

Attention : Une fois que la croissance et le développement des bourgeons se poursuit sous des conditions climatiques adéquates, la survenue des gelées tardives demeure tout aussi critique pour les plantes « qui ont (eu) besoin de froid » que celles qui n’en ont pas besoin.

 

Références

1 Griffths E and Wratten, S. D. (1979). Intra-and inter-specific differences in cereal aphid low temperature tolerance. Entomologia experimentalis et applicata 26,161-167

Strathdee AT, Howling GG and Bale JS (1995) Cold hardiness of overwintering aphid eggs. Journal of Pest Physiology 41(8), 653-657

3 La Hulotte, n° 108 “La Coccinelle à 7 points” Pierre Déom, Editions Passerage, mai 2019

Vous ne connaissez pas Myzus ? Relisez le Prologue

Vous avez manqué un épisode ?

Épisode précédent : [S2E2] Comment passer l’hiver quand on est « une petite bête » [Partie 1]

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