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À la rencontre de...

WAX part à la rencontre d'une personnalité, du passé, du présent, et du futur aussi.

Nathalie – Women of Science #2

Alors que le monde scientifique peine à laisser une place aux femmes afin d’atteindre une parité plus que nécessaire, ’Women of Science’ vous offre une plongée au coeur du problème,...

Alors que le monde scientifique peine à laisser une place aux femmes afin d’atteindre une parité plus que nécessaire, ’Women of Science’ vous offre une plongée au coeur du problème, à travers le portrait de femmes scientifiques. Ces dernières ont accepté de se confier sur leur parcours et la réalité de la question du genre dans leur domaine, pour participer à la création de cette collection de vies et d’histoires.

« À aucun moment je n’ai été confrontée à des inégalités au cours de ma longue carrière à l’étranger. Mais en France oui. Pour gagner en hiérarchie et être chargée de recherche pour une femme, c’est très compliqué. Ce n’est pas seulement l’expertise et les compétences qui intéressent, et en tant que femme on rencontre très vite le plafond de verre, parce qu’il est là, il existe. En tout cas, dans mon monde hospitalo-universitaire, les supérieurs ne sont que des hommes. Cette présence masculine est là, on le vit, on le voit. Bien-sûr il m’est arrivé de voir qu’un homologue masculin, à expertise égale ou moindre d’ailleurs, était poussé vers le haut plus rapidement et plus facilement. Ils ont plus de facilité pour monter en grade que nous ! Il y a quelques femmes qui y arrivent mais c’est une minorité. J’ai l’impression qu’un homme qui est aussi ambitieux que moi, va avoir plus de soutien. Ce n’est pas parce qu’il est plus compétent ! Il y a autre chose. »

« Dans les institutions académiques, ils font très attention à la parité. Ne serait-ce que pour la constitution de jurys de thèse par exemple. Chez moi, comme chez d’autres, on observe la parité… mais celle-ci s’arrête brusquement dès qu’on approche les postes de responsabilité ! C’est un sujet d’actualité, qui revient beaucoup dans les conversations. En tous cas il y a beaucoup de débats ainsi que des articles dans des journaux scientifiques de renom qui traitent ce sujet ; généralement écrits par des femmes ! Tout cela va sûrement faire bouger les choses, mais ça prendra du temps. Parce que ça fait déjà plus de 10 ans qu’on a des chiffres, mais pourtant rien n’a changé véritablement. Les responsables ne se sentent pas toujours concernés. »

« Alors oui, être chercheur·e c’est parfois très difficile. Il y avait des jours où c’était compliqué : je faisais mon travail au labo, j’allais chercher ma fille à la crèche en fin de journée, je la ramenais à la maison, je m’occupais d’elle et quand mon mari rentrait, je repartais au labo. Quand on fait ce métier on a du mal à séparer la vie privée et la vie professionnelle. C’est vraiment la vie de chercheur·e. C’est très dur, très frustrant parfois. Mais c’est passionnant. Et sur le long terme, on se dit qu’on a de la chance de faire quelque chose qu’on aime ! Avec ce métier c’est possible. On travaille pour une cause. Ce n’est pas de la routine, ça évolue en permanence, c’est vraiment fascinant. »

« Ça va faire un peu plus d’un an qu’on est un groupe de chercheuses, femmes, en Europe, France, Italie, Suède, Espagne, ou encore en Allemagne. On est 10. Nous nous sommes rapprochées car lors de congrès, nous avons vu les disparités. Les gens qui prennent la parole lors des sessions plénières doivent être des experts, des personnes de renom. Et il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes. Les femmes même si elles sont très compétentes et reconnues mondialement, ne viennent qu’après. Alors on a réfléchi à ce que nous pouvions faire, comment on pouvait équilibrer la situation et faire évoluer les choses. Nous avons créé un groupe autour d’une  thématique scientifique commune [FEMIN : Female European Mucosal Immunity Network, NDLR], nous avons fait des réunions, pour s’organiser, pour trouver des fonds. Notre rôle, ce n’est pas de dénoncer une injustice. Nous voulons que ce soit symbolique : un collectif de femmes qui vient chercher des financements pour la recherche, un collectif de femmes qui encadre une session dans un congrès international, une présence féminine pour faire de la science. Notre but, c’est d’inviter des jeunes femmes scientifiques, de les coacher et leur apprendre à s’imposer scientifiquement. Tu as une compétence, il n’y a pas de raison que tu te sentes moins considérée qu’un homme. Nous voulons redonner confiance aux jeunes femmes. »

Après une formation d’ingénieur·e, Nathalie* a obtenu un Diplôme d’Études Approfondies. Puis elle a réalisé quatre ans de thèse et un post-doctorat dans un laboratoire de renommé spécialisé sur l’étude du Virus d’Immunodéficience Humaine (VIH), à l’Institut Pasteur, avant de passer le concours pour devenir chercheuse dans ce même institut. En 2002, après un congé maternité, elle est partie en Australie, travailler dans un laboratoire d’immunologie reconnu : elle y a collaboré avec les cliniciens et a permis l’aboutissement d’un projet de recherche de longue haleine. Depuis son retour en France, elle mène des recherches (fondamentales et cliniques) sur le VIH. Titulaire d’une Chaire d’Excellence en Immunologie et Maladies Infectieuses (INSERM), Nathalie est également maître de conférence.

*Prénom modifié pour des raisons de confidentialité.

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