F*** l’échec; eh ouais.
Bon d’accord, elle n’a pas prononcé le F word, mais c’est comme ça que je l’ai senti. Hélène a eu son Bac S sans mention, a raté sa première année de médecine une fois, puis deux fois; dur quand être médecin était pour elle une vocation et qu’on a rarement connu la défaite avant. La magie, c’est qu’il existe aujourd’hui un tas de passerelles, elle peut donc obtenir une équivalence en deuxième année de fac de bio automatiquement, ou partir en première année de fac de sport (= STAPS) sous réserve de faire un dossier. Suspens pendant l’été, et coup de fil libérateur pour lui annoncer son admission en STAPS. Victoire, et début d’une belle histoire qui est loin d’être terminée.
Du doctorat à la bourse
Joueuse de volley à très haut niveau, Hélène n’arrêtera jamais de faire du sport, de la licence jusqu’au doctorat. Elle se spécialise dans la filière ‘Entrainement sportif et physiologie de l’exercice’, qui essaye de comprendre comment le corps s’adapte quand on le sort de son équilibre. Son dada, c’est utiliser des grands sportifs pour étudier certains mécanismes physiologiques, puis en décliner des exercices pour les gens malades. Ainsi, l’étude de la respiration chez les marathonien-ne-s l’a conduite à créer des exercices adaptés pour les asmatiques. Est-ce qu’elle fait attention à prendre autant d’hommes que de femmes afin d’avoir des échantillons représentatifs ? Oui ! La conversation dérive sur le fait que les femmes ont un seuil de douleur plus élevé que les hommes dans le sport (!), ce qui peut clairement avoir un impact sur les traitements développés. Mais aussi qu’elles étaient, sous stress, beaucoup plus réalistes que les hommes concernant leur capacité physique, lorsqu’il fallait estimer le temps pour courir un marathon.
Notons qu’elle a été la première femme de sa fac de STAPS à faire un doctorat, pour une filière qui compte environ 30 % de femmes. Dans sa spécialisation de prépa physique, elles étaient trois sur 40 !
Tout ça l’a menée à décrocher la bourse Pour les Femmes et la Science de la Fondation L’Oréal en 2010. La bourse lui a permis d’investir dans un nouvel ordi, d’assister à deux congrès aux US et au Canada, et même d’organiser un forum sur la préparation physique à destination des entraîneurs, qui à son goût ne sont pas assez au courant de ce qui se fait en recherche. Mais aussi ‘de rencontrer des personnes extrêmement compétentes, dans tous les domaines scientifiques’ !
Ça fait des belles photos pour le CV d’avoir la bourse.
De l’optimisme et de l’humour
Et puis Hélène est restée en contact avec les gens de la Fondation l’Oréal ‘Habiter à Paris, ça aide’, s’entendait bien avec les journalistes et prenait plaisir à communiquer sur ce qu’elle faisait. Alors naturellement, quand on lui a proposé d’être la marraine du programme ‘#LesFillesAussi’ de la Fondation, ‘je me suis dit… allons-y!’
Quand elle témoigne dans un lycée, en tant que ‘femme scientifique ayant fait la fac’, elle essaye au maximum d’apporter de l’humour ; ‘ça fait redescendre les tensions’. Car Hélène est déjà bien rodée , et munie de son enveloppe pleines de questions que les lycéen-ne-s peuvent lui poser, elle fait réagir, rebondit et bifurque comme si elle était sur un terrain de volley. Elle sensibilise sur le fait que la mixité concerne bien les garçons aussi (et que le problème des filles en science est le miroir de celui des garçons en lettres !) et repart en ayant injecté une bonne dose d’optimisme dans l’esprit de la classe.
A terme, elle souhaiterait que le programme #LesFillesAussi s’étende aux parents, aux enseignant-e-s mais aussi qu’il encourage tous les scientifiques qui veulent s’exprimer à le faire ! Elle dans 10 ans ? ‘Pas forcément dans le même métier, je suis assez optimiste je suis sûre que ça va être sympa. Je ne sais pas que la vie me réserve mais le meilleur reste à venir’.
Le rituel WAX !
L’heure de la fin a sonné (avec 30 min de rab sur le temps prévu) et fut venu le temps des questions WAX !
Tes trois mots pour la science : Passion – Vérité – Vie
Ton métier si tu n’étais pas scientifique : dans la com’ scientifique, ou peut-être dans le voyage, enfin j’aurais bien aimé être journaliste aussi, mais sportive de haut niveau, non.
Le site sur lequel tu passes beaucoup trop de temps : Facebook…et Last Minute !
Le pire stéréotype que tu aies vécu ? ‘Arrête le sport, tu n’arriveras à rien’ ; signé son prof de Maths de Terminale. (Vous pourrez apprendre en cliquant ICI que les profs de maths ont parfois tort)
On est donc vraiment LOIN du cliché de la scientifique, ou du scientifique en général. Je repars avec le sentiment d’avoir rencontré quelqu’un qui est une vraie boulimique de la vie, prête à mettre un paquet d’énergie et de persuasion pour promouvoir la science, et la mixité dans les sciences. Si j’étais un stéréotype de la science, je me ferais tout, tout, tout petit.
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