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S’affaiblir pour mieux guérir

Et si on réduisait notre système immunitaire à zéro afin d'éviter les rejets de greffe ? C'est ce que propose une équipe de scientifiques avant-gardiste d'Atlanta.

On en est où avec la greffe aujourd’hui ?

C’est un processus médical qui est loin du 100% de réussite.

Comme nous l’avons vu avec l’épisode de l’homme greffé avec un cœur artificiel notamment, ce n’est pas tant la connexion de l’organe elle même, que le maintien de l’organe dans l’hôte qui est périlleux.

Effectivement notre corps ne se laisse pas faire. Il est doté d’un chien de garde très performant, notre système immunitaire,  qui attaque ce qu’il remarque comme étant étranger à notre corps.
C’est pourquoi les patient.e.s doivent généralement prendre un cocktail violent de médicaments pendant les premiers mois après la greffe. Ce traitement permet de diminuer la réponse immunitaire générale du.de la patient.e, et donc aussi contre le greffon.

Médicaments

Malheureusement ces médicaments rendent notre corps vulnérable à d’autres infections, puisque la garde de notre corps est abaissée. C’est pourquoi des chercheur.se.s d’Atlanta, dirigé.e.s par Allan Kirk, ont tenté une autre approche pour faire accepter l’organe au corps tout en diminuant la vulnérabilité prolongée de l’organisme.

C’est quoi cette fameuse technique ?

La méthode d’A.Kirk a été essayée sur 20 receveurs de greffe de rein. Au moment de la greffe, on injecte aux patients un médicament, le alemtuzumab, qui cible et détruit tous les globules blancs, responsables de la défense immunitaire. Ce sont eux qui sont responsables de la détection du non-soi, et qui contribuent au rejet du greffon.

Ces globules blancs vont se régénérer, mais cette fois-ci en considérant le nouveau rein comme un organe inhérent au corps (à l’instar d’un reboot du système immunitaire). Un second médicament est injecté après l’opération, du belatacept, qui diminue la production de globules blancs dits « tueurs ».

Enfin, les patients reçoivent une pilule quotidienne d’un immunosuppresseur doux appelé sirolimus. Il va fouiller le corps à la recherche d’anciens lymphocytes qui auraient survécu au premier médicament.

Les résultats

Avec un processus habituel, les patients étaient amenés à ingérer de nombreux médicaments, jusqu’à 20 par jour, avec des risques de développer des cancers, ou d’autres effets secondaires comme des diarrhées.
Parmi les 20 patients de Kirk, 7 d’entre eux se contentent d’une injection par mois grâce à cette méthode, et les 13 autres ont l’injection mensuelle et une pilule tous les jours.

Un an après la transplantation, aucun des 20 patients n’a eu de rejet, ou besoin de retourner vers un traitement conventionnel.

Trois ans et demi maintenant après la première transplantation, les 20 patients se portent très bien.

Et après ?

Depuis ces expériences, 18 patients ont participé à cette expérimentation, et ils sont maintenant sevrés du sirolimus, un des objectifs d’A.Kirk. Un programme beaucoup plus ambitieux va démarrer le mois prochain.
L’équipe essaye aujourd’hui de se passer du deuxième médicament, le belatacept, et veut essayer cette technique sur des greffes d’autres organes.

C’est une technique beaucoup plus douce qu’à l’accoutumée qui a été mise au point, et c’est là que se trouve le progrès. D’autres essais du même genre avaient été tentés, notamment en utilisant des rayons ionisants. Mais aucun n’avait aussi bien réussi jusqu’ici.

Vous voyez, il reste encore beaucoup de moyens d’améliorer la manière dont nous pratiquons les sciences en 2014. Et parfois, comme c’est le cas ici, il ne faut pas avoir peur de remettre en question des principes fondamentaux : en médecine, il y a moyen de révolutionner non seulement la technologie, mais aussi la théorie elle-même !
Ah… C’est beau les sciences.

 

Rédaction conseillée par Delphine Prieur.

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