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Attention Stéréotypes

Parce qu'il est plus facile de désintégrer un atome qu'un stéréotype !

Plus tard je serai agricultrice

Ces femmes qui font l'agriculture d'aujourd'hui et de demain

Un quart des exploitations agricoles françaises sont aujourd’hui dirigées ou co-dirigées par des femmes alors que celles-ci n’étaient que 8 % en 1970. L’agriculture, traditionnellement considérée comme un domaine masculin connait une profonde transformation en termes de ratio hommes-femmes et surtout des tâches attribuées à chacun-e.

Ne nous y trompons pas, le travail des femmes a toujours été très présent dans les fermes et a même toujours occupé une place indispensable dans les exploitations familiales. Ce que l’on constate aujourd’hui c’est avant tout une évolution des statuts. Les agricultrices et exploitantes deviennent  plus « visibles » alors qu’elles n’étaient par le passé que déclarées en tant qu’aide familiale ou étaient des travailleuses invisibles. Et cela n’est pas qu’une simple question d’étiquette, cela signifie aussi qu’elles accèdent aux protections sociales et au droit à la retraite.

Photo : Agricultrice en 1982

Cette évolution s’explique d’une part par les modifications qui s’opèrent depuis 40 ans dans le fonctionnement des couples. D’une manière générale, et en agriculture tout particulièrement, les femmes travaillent de moins en moins avec leur mari, pour l’entreprise familiale, mais ont un emploi « à l’extérieur ». D’autre part, la reconnaissance de leur travail sur la ferme a été soutenue par des avancées juridiques. Par exemple, a été créé en 1985, le statut d’EARL (Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée) qui permet aux époux d’être associés. Ainsi on différencie les responsabilités professionnelles de l’alliance matrimoniale qui organise leur vie privée.

VIDEO : Femmes en Campagne, extrait du film-documentaire de Daniel VIGNE et Michel DEBATS (3 minutes)

Les statistiques ainsi que les études de sociologie rurale permettent d’en savoir un peu plus sur la situation actuelle des femmes dans l’agriculture en France.

Il faut tout d’abord rester prudent sur les chiffres car plus de la moitié des cheffes d’exploitation ou co-exploitantes comptabilisées ont en fait plus de 50 ans. En effet, elles sont nombreuses à avoir succédé à leur mari simplement au moment du départ à la retraite de celui-ci, ce qui permet de garder l’exploitation et les terres au sein de la famille. (1)

 

Qui sont les agricultrices de moins de 40 ans constituant la nouvelle génération ?

Nombreuses sont venues à l’agriculture par le mariage ou la famille mais il y a également de plus en plus d’agricultrices qui s’installent suite à un projet personnel. (2)

De plus, leur niveau de formation s’est considérablement élevé  et aujourd’hui, les jeunes exploitantes sont beaucoup plus souvent diplômées du supérieur que leurs homologues masculins. Cela rejoint ce que l’on observe dans le système éducatif en général : les filles sortent maintenant avec des niveaux de formation supérieurs à ceux des garçons (3).

Que font-elles ? En majorité les jeunes agricultrices optent pour de l’élevage de petits herbivores, les moutons, les chèvres, ou choisissent de faire du maraîchage, de l’horticulture (les fruits et légumes) ou de la viticulture (in vino veritas).

 

Un métier difficile et pénible physiquement ?

L’agriculture n’est pas épargnée par les stéréotypes. Bien souvent on imagine mal une femme seule cheffe d’exploitation agricole du fait de la pénibilité physique, des astreintes et du temps de travail important. Pourtant la réalité montre qu’elles réussissent très bien à gérer ces contraintes. Par exemple, elles s’associent ou ont recours aux services assurant un remplacement en cas de congé maternité, maladie, ou simplement souhait de congé. D’une façon générale, ces nouveaux modes de fonctionnement ont permis des bénéfices sociaux importants pour les agricultrices comme pour les agriculteurs et leur famille.

Egalement, d’après les données de la MSA (Mutuelle Sociale Agricole), les hommes sont au moins deux fois plus concernés par des accidents du travail que les femmes,  tandis que les femmes déclarent un petit peu plus souvent des maladies professionnelles. Cela peut s’expliquer par la différence des travaux effectués mais aussi, d’après les sociologues, par des différences d’approche entre les sexes : les hommes seraient dans le déni du risque alors que les femmes seraient plus sensibles à la maladie et à la prévention. (1)

 

 Les spécificités du métier d’agricultrice

Si l’on compare les exploitations spécifiquement masculines et les exploitations spécifiquement féminines on observe que les femmes ont plus souvent recours à la vente de leurs produits en circuits courts, par exemple sur des marchés, où le contact est direct avec le consommateur. Elles se diversifient aussi plus souvent en proposant des activités d’agrotourisme comme l’accueil à la ferme, les chambres d’hôtes, etc.. (4)

Certains diront qu’elles sont plus sensibles à l’environnement car elles sont un petit peu plus nombreuses que les hommes à pratiquer l’agriculture biologique. Entre parenthèse, l’agence bio a aussi constaté que les consommatrices de produits issus de l’agriculture biologique sont plus nombreuses que les consommateurs. (5)

Enfin, comme on l’a vu précédemment, les femmes s’installent généralement plus tard que les hommes, après avoir eu une formation non agricole et parfois une activité salariée dans un autre secteur. La nouvelle génération d’agricultrices a ainsi fréquemment acquis, au cours de ces expériences, des compétences importantes pour la gestion de l’exploitation : l’art de la négociation avec les organisations agricoles, une aisance plus grande dans les démarches administratives, le rapport au public… Or, ces compétences sont au cœur du métier d’agricult-eur-rice de demain.

Ainsi, le sociologue Roger Le Guen estime que  les femmes occupent une position clé dans l’acceptation sociale de l’agriculture en termes  d’innovation, d’effet sur l’environnement et de lien entre l’alimentation et la santé. Elles ont leur propre conception du métier et celle-ci tend à « contaminer » les hommes agriculteurs tant elle semble en phase avec les nouvelles attentes adressées à l’agriculture. (6)

WAX tient à saluer l’ensemble des acteurs qui s’engagent pour favoriser la reconnaissance et le travail des agricultrices. Leurs actions sont essentielles et doivent continuer : aider pour l’accès des femmes au foncier et aux capitaux, supprimer tout « sexisme » au sein des filières de formation agricole, concevoir un machinisme adapté à tou-s-tes, augmenter la représentation des femmes dans les organisations professionnelles et les syndicats, etc…

A vos tracteurs donc!

 

Kristieanne Moorhouse, Marion Cochard, Julie Pouhaer et Aurélie Weber du lycée agricole de Pommerit-Jaudy. En 2012 elles créent le groupe Agri-Femme et représentent leur lycée au Trophée national du Salon de l’Agriculture à Paris. Le début de la célébrité pour la vache Caprice!

 

SOURCES :

(1) Laisney C., Ministère de l’Alimentation, de la pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du Territoire (2012). Les Femmes dans le Monde Agricole, in Analyses, n°38 Mars 2012, Centre d’études et de la prospective

(2). CNASEA, L’installation des femmes en agriculture :une évolution significative ?, 2005.

(3) Rosenwald F., « Filles et garçons dans le système éducatif depuis vingt ans », in Données Sociales 2006, Insee

(4). Giraud C., Chambres d’hôtes à la ferme et autonomie de la femme en agriculture, thèse de sociologie, Paris 5, 2001.

(5). CSA/Agence bio, Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France, édition 2011.

(6). Le Guen R., Communication au Congrès « Femmes de la terre et de la mer », 2012.

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COMMENTAIRES



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    Cath 09 novembre 2013 à 19h11 - Répondre

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    Quel beau métier! Bravo à celles qui y sont parvenues malgré les idées reçues et les embûches. Félicitations pour cet article qui encourage les femmes à mener leur vie et faire les métiers auxquels elles aspirent.



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