C’est un peu le Christophe Colomb de notre siècle, l’enveloppe organique, et donc le scorbut, en moins. Après avoir embarqué pour un long voyage à travers des horizons inconnus, il a finalement posé pied à terre sur un monde totalement inconnu : la comète 67p/Tchourioumov-Guérassimenko, ou « Tchouri » pour les profanes.
Nous parlons bien entendu de Philae, le petit robot européen explorateur. Un peu plus d’un an après son arrivée sur la comète, l’Agence spatiale européenne lui fait ses adieux. Selon les calculs des astronomes, Tchouri est maintenant bien trop loin du Soleil pour que Philae puisse recharger ses batteries. Il était resté silencieux depuis le 9 juillet dernier.
Son aventure est bien finie, non sans avoir fait parler d’elle.
Un atterrissage fort en émotion
1 mètre de circonférence, pour 0,8 de haut, Philae était un petit robot taillé pour l’aventure. Il aura fallu que son voyage de 10 ans depuis la Terre arrive à son terme pour qu’il connaisse enfin la gloire. Le 12 novembre 2014, le monde entier a retenu sa respiration lorsqu’il s’est détaché de la sonde spatiale Rosetta pour commencer sa mission.
Problème : on ne savait pas vraiment à quoi s’attendre lors de l’atterrissage, et les choses ne se sont pas passées comme prévu. Philae a rebondi ! Ses systèmes d’accroches n’ont pas fonctionné, et le robot est remonté à une centaine de mètres dans les airs, deux fois. Il s’est alors retrouvé dans une position très inconfortable. À la fois trop à l’ombre pour rester actif, et trop mal installé pour mener toutes ses mesures correctement.
Mais la mission de Philae est loin d’être un échec pour autant. « Nous avons découvert des objets dont nous ignorions à peu près tout« , a expliqué au Point Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique du robot, « et sur lesquels à peu près tout ce que nous pensions s’est révélé faux ».
Exit la « boule de neige sale »
Contrairement à ce que l’on pensait depuis longtemps, les comètes ne sont pas de simples « boules de neige sales ». Cette idée laissait entendre qu’elles n’étaient composées que de glace et de roche, mais il en est tout autre. Les quelques relevés que Philae a fait automatiquement à son arrivée ont permis aux scientifiques de découvrir que Tchouri abritait des molécules organiques complexes, peut-être formées par l’influence des rayons cosmiques sur sa structure carbonée.
Aussi, les chercheurs croient maintenant que ces corps célestes pourraient avoir joué un rôle important dans l’émergence de la vie sur Terre. En s’écrasant sur notre planète, certaines d’entre elles auraient pu apporter les molécules complexes nécessaires aux premières cellules.
En plus, Philae a malgré tout réussi à aider les astronomes à étudier en détail la structure de la comète et son champ magnétique. Loin d’être bredouille, la communauté scientifique a récolté de nombreuses données sur Tchouri et sa dynamique.
Donc la prochaine fois que tout semble aller de travers, faites comme Philae : restez concentré sur votre mission, et faites avec les moyens du bord. Ce sera toujours mieux que rien !
Adieu petit aventurier de l’espace.
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